GR70

Rando-Trail : le GR70 en 8 jours

Il y a un peu plus d’un an, je partais pour ma première aventure en mode rando-trail sur plusieurs jours dans les volcans d’Auvergne, et j’avais ADORE cette première expérience : 105km, 4 étapes et de superbes paysages, je vous raconte tout par ici .

A mon retour je m’étais promis de renouveler l’expérience en 2019, ailleurs et sur plus long: le GR20, le Tour du Mont-Blanc, la traversée de la réunion, le tour du Vercors… Les sentiers de randonnée ne manquent pas pour ce genre d’aventure à étapes et ceux que je viens de citer sont tous sur ma wishlist, mais pour cette fois c’est une toute autre destination que ma Foutrak m’a proposé : le GR70 dans son intégralité, aussi très connu sous le nom de chemin de Stevenson.

Et comme je ne sais pas dire non, nous voilà embarquées dans une nouvelle aventure:

Environ 250 kilomètres, 7000D+, 8 étapes, pas d’âne mais deux folles prêtes à en prendre plein les jambes.

Nous sommes parties mardi du Puy-en-Velay, et à l’heure où je publie ces lignes nous sommes à Cheylard L’Évêque, c’est parti pour le récit de la première partie de notre aventure !

 

Logistique

Vous nous imaginez peut-être déjà avec nos gros sacs chargés d’affaires et de nourriture pour 8 jours, mais la vérité est ailleurs: il s’agit bien d’un séjour rando-TRAIL, et pour pouvoir courir en toute sérénité sur chaque étape, nous avons décidé d’opter pour le portage de nos affaires entre chaque lieu d’étape, en faisant appel à Chamina Voyages pour l’organisation de notre périple. Je vous en avait déjà parlé ici, mais cet organisme au top s’est occupé de tout : découpe de notre périple sur mesure (8 jours au lieu de 14 à 16 habituellement en mode randonnée), réservation des hébergements en demi-pension (petit dej et diner) du premier au dernier jour, envoi des GPX et infos utiles pour le bon déroulement de nos journées, et réservation du transport de bagages entre chaque étape (pas à dos d’âne, mais tout simplement via un service appelé La Malle Postale).

Vous pouvez bien sûr décider de vous organiser de façon autonome en décidant de la découpe de vos étapes, en réservant vous même vos hébergements et en passant directement par le service de votre choix pour le transport de vos bagages, mais au final le gain financier ne sera pas énorme, les tarifs de Chamina étant plutôt raisonnables! Bref, à vous de voir mais pour notre part on était satisfaites de notre séjour précédent, alors on a opté pour la solution de facilité, même si sur certains futurs séjours plus courts je pense que je me débrouillerai comme une grande 🙂 .

Assez blablaté, passons maintenant au récit de notre aventure jour par jour

Jour 1 : Le Puy en Velay – Goudet

31,4km / 1032D+ / 925D-

Temps total: 3h33 pauses inclues

Il est 8h30, je regarde Laura s’éloigner de l’hôtel en trottinant après un adieu déchirant, ou pas, puisqu’on se retrouve d’ici quelques heures: comme durant notre séjour dans les volcans d’Auvergne l’an dernier, on a décidé de démarrer nos étapes légèrement en décalé car j’avance un peu plus vite (ou moins doucement, tout dépend du point de vue!). Ça nous permet de nous retrouver en route et éventuellement de terminer l’étape ensemble, et que chacune soit sur l’allure qui lui convient le mieux. Bref, en attendant de m’élancer à mon tour j’en profite pour faire un petit tour dans Le Puy En Velay, très jolie ville totalement inconnue pour moi !

9h00, le clocher sonne, je prépare ma montre, il est temps pour moi de m’élancer depuis le point de départ officiel du GR70. Dès le début il faut grimper pour quitter la ville, mais rien de méchant et on reste pour l’instant sur bitume, du coup je trottine en me disant quand même qu’il va falloir être raisonnable et marcher sur certaines montées si je veux aller au bout de ces 8 jours sans être épuisée dès la mi-chemin. Après 3 kilomètres j’arrive sur un vrai sentier et je croise plusieurs randonneurs, à la fois étonnés et amusés de me voir courir. Certains sont comme moi au départ du GR70, d’autres sont en route pour Compostelle qui passe aussi par là ! Pour l’instant le sentier est globalement montant mais très roulant, avec de nombreux passages sur bitume pour traverser des villages, mais même si c’est « facile » et loin d’être sauvage, ça n’enlève rien au charme des paysages! Rien à voir avec mes terrains de jeu habituels ni avec les trails alpins que j’ai pu faire, mais ça change et je suis contente d’avoir accepté l’idée un peu folle de Laura.

Vers le 17ème kilomètre le sentier s’enfonce sur un chemin qui grimpe bien, et je marche pour la seconde fois de la journée, avant d’arriver sur un plateau qui offre une belle vue sur la vallée. Après une jolie descente en single j’atteins le village de Monastier-sur-Gazeille, un lieu symbolique puisque c’est en fait de là que Stevenson avait réellement débuté sa marche (le flemmard avait pris une diligence depuis Le Puy), après avoir acheté son fameux âne Modestine. Je quitte le village et j’ai quelques hésitations sur le chemin à prendre, j’ai peur de me retrouver sur le GR430 par accident, mais je finis par croiser deux VTTistes qui me confirment que je suis sur la bonne route. Encore une grosse montée que je fais le choix raisonnable de marcher, avant d’enchaîner sur 5 derniers kilomètres vraiment très roulants sur des petits sentiers. En passant dans un village je croise une troupe de randonneurs (moyenne d’âge : 68 ans), qui m’interpellent en me disant que Laura a 5 minutes d’avance sur moi: elle s’est encore fait des petits copains en chemin on dirait! Je finis par la rattraper à 500 mètres de l’arrivée, et on sympathise avec un randonneur (de moins de 60 ans, wahou!) qu’on retrouve ensuite au village et qui nous propose d’aller se désaltérer ensemble autour d’une boisson houblonnée.

Il est 12h30 et le propriétaire de notre gîte n’est pas dans les parages donc on accepte, et on termine à la ferme du Pipet, où un hôte vraiment adorable prend le temps de nous recevoir alors qu’il est visiblement fermé : bière artisanale « La Stevenson », potage maison et café, ou comment bien nous requinquer après cette première étape ! On laisse notre nouvel ami (baptisé « Philippe Stevenson ») reprendre sa route, en se donnant rdv le lendemain à Pradelles (il fait Le Puy – Pradelles sur trois jours au lieu de 2 pour nous).

Au programme du reste de la journée: douche, repos, boulot (les ordinateurs pro sont de la partie), et bien sûr repas, en attendant de repartir le lendemain matin !

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Jour 2 : Goudet – Pradelles

34,4km / 877D+ / 509D-

Temps total: 3h59 pauses inclues

Ce matin encore j’ai laissé Laura partir devant, et à 8h48 c’est mon tour de quitter Goudet pour cette nouvelle étape. Ça attaque tout de suite par une belle montée qui réveille (140D+ sur 1km), et si on était sur un entraînement à la journée j’essaierai peut-être de courir, mais pour gérer mon effort je prends le parti de marcher, je suis pas venue ici pour souffrir ok ?! (Enfin pas déjà le jour 2 quoi). Le chemin continue sur plusieurs kilomètres vallonnés et globalement montants mais très agréables, et je trottine en admirant le paysage et en me remémorant les pages du livre de Stevenson.

Après une dizaine de kilomètres sans encombres, je m’étale de tout mon long juste avant de dépasser deux randonneuses, sur un DFCI plat et sans obstacles bien sûr, sinon c’est pas aussi drôle. Beaucoup de sang avec un bobo au genou, au coude et sur la main mais pas de casse, je me remets directement en chemin.

Je passe dans un hameau et je croise deux chiens, je me souviens du récit de Jérôme Bégon lu la veille et qui parlait d’un Patou qui l’avait coursé, mais ces deux là me regardent passer sans broncher. Un peu plus loin j’en croise de nouveau un, mais celui là doit être croisé avec un caniche enragé car il s’approche de plus en plus et m’aboie dessus. Je marche et fait semblant de rester calme pour ne pas qu’il perçoive qu’il me fait peur (le meilleur moyen de leur faire peur aussi et de les rendre agressifs), et malgré les appels de sa maîtresse il reste dans mes jambes un moment avant de me laisser quitter son territoire.

Les kilomètres défilent vite et je suis déjà à l’entrée de Le-Bouchet-Saint-Nicolas après 12km. Le GR enchaîne maintenant sur une grande portion descendante, je m’ennuie un peu sur une longue ligne droite avant de retrouver un petit single un peu plus escarpé et je mange une barre Meltonic avant d’entrer dans Landos. A la sortie de la ville je croise de nombreux randonneurs dont notre ami Philippe Stevenson (souvenez-vous!), puis je rattrape Laura un peu plus loin au km21 . On partage 6km en papotant et en saluant toujours plus de randonneurs, qu’on retrouvera dans l’après-midi sur la place du village.

Nos chemins finissent par se séparer à 6km de l’arrivée et j’avoue, je me mets un petit objectif en tête : finir l’étape en moins de 4h pour être à l’hôtel avant 13h. C’est chose faite et après 3h59 d’effort j’entre dans Pradelles, village classé parmi les plus beaux de France ! Un peu après Laura me rejoint, et on profite d’être arrivées suffisamment tôt pour s’offrir un vrai déjeuner au restau, avant de passer un moment à visiter le coin et profiter des terrasses ensoleillées, et pour ma part télé-travailler.

Plus l’heure avance et plus je sens que mon genou et ma main piquent, mais je ne m’inquiète pas trop et après un bon dîner avec un groupe de randonneurs on file se coucher.

GR70

 

Jour 3 : Pradelles – Le Cheylard l’Eveque

23km / 463D+ / 517D-

Temps total: 2h27 pauses inclues

1h du matin, je suis réveillée par une douleur lancinante dans la main, la plaie me pique vraiment anormalement, du coup je décide d’aller voir à la salle de bain, et je comprends que j’ai des micro graviers qui sont restés sous la peau … un coup de charcutage dont je préfère ne plus vraiment me souvenir plus tard ça va mieux, je me rendors et le lendemain ça pique déjà beaucoup moins mais je file à la pharmacie. Au final je suis rassurée, pas besoin d’amputer et il est temps de repartir pour l’étape la plus courte de notre périple jusqu’à Cheylard-L’Eveque, soit 23km et seulement 460D+ .

Les 5 premiers kilomètres sont en descente sur un sentier agréable en direction de Langognes, je rattrape Laura qui est partie en marchant sur cette étape, et on se met à trotter ensemble, embarquant un randonneur (Philippe Stevenson, encore lui!) avec nous: ça y’est, on a presque réussi à en convertir un ! À Langognes une déviation très mal indiquée nous fait un peu galérer mais on finit par comprendre où il faut passer, et je repars seule en donnant rdv à Laura à l’arrivée.

La suite est toujours roulante avec énormément de bitume en faux plat montant, mais le chemin n’est pas monotone ni désagréable et les paysages défilent vite. A partir du km11 le chemin passe en sous bois à plusieurs reprises, et je repense à la bête du Gevaudan dont on m’a parlé 15 fois depuis hier, mais rien ni personne en vue. Les kilomètres qui suivent grimpent un peu mais rien de bien méchant et je cours toujours mais en gardant le pied sur le frein car je sais que de nombreuses étapes nous attendent encore et que celle de demain risque particulièrement de piquer.

Après 2 derniers kilomètres en descente j’arrive à Cheylard-l’Evêque bien trop tôt pour aller au gîte, et je patiente sur l’unique petite terrasse du village en discutant avec des randonneurs.

Le reste de la journée ressemble aux autres : détente, repos, douche, papotage en terrasse, et … mise en ligne de cet article, en attendant la suite de notre périple !

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4 réflexions sur “Rando-Trail : le GR70 en 8 jours

  1. Myrtilla dit :

    Que dire à part que vous êtes impressionnantes ! Je ne sais pas si t’as vu et si tu la connais, mais Marine Leleu a fait le GR20 en marchant, et déjà en marchant ça semblait difficile. Comment avez-vous fait pour faire le GR70 en courant ? En tous cas ces premières étapes ^^ Il y avait des endroits difficiles que vous avez dû faire en marchant sur plusieurs km ou bien comment ça se passe ? Et je me demandais aussi, comment ça se fait que vous avez pas couru/marché tout du long ensemble avec ton amie ? Vous avez des niveaux différents ? 🙂
    Merci pour ce récit, hâte de voir la suite ! 😀

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    • lilyrunning dit :

      Hello,
      Le GR20 et le GR70 sont tout simplement incomparables en termes de technicité : le GR20 est l’un des plus dur et c’est très difficile de le courir, voire même impossible par endroits ! Le GR70 en revanche est ultra roulant et à part quelques montées on peut à peu près tout le temps courir (lentement certes, mais courir). On a effectivement deux niveaux différents avec mon amie donc pour ne pas devoir se mettre sur un rythme qui n’est pas le nôtre on part en décalé, je la rattrape et on fait quelques kilomètres ensemble 😉 .

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  2. Myrtilla dit :

    Aaah d’accord, merci pour ta réponse ! Je croyais que c’était le même chemin mais que le n. après le GR représentait quelque chose sur le chemin ! Et ok je comprends mieux avec ton amie ! En tous cas ton niveau m’impressionne toujours ! Et quelle motivation d’écrire un article alors que tu as tous ces km dans les jambes ! Bravo et merci !!

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