On ne la présente plus, en 40 ans d’existence Marseille – Cassis est devenue LA course mythique des Marseillais et pas que, puisqu’elle réunit chaque année des coureurs venus de France entière et même d’ailleurs: elle est (presque) mondialement connue notre petite Gineste ! Et pourtant, en 4 ans de course à pied, hier matin c’est seulement la deuxième fois que je m’alignais au départ … Mais probablement pas la dernière! CR d’une course sur bitume pas tout à fait comme les autres.
Avant-Course et plan de route
Marseille-Cassis c’est bien, mais il ne faut pas être agoraphobe: 18 757 participants étaient au départ cette année, ça fait quand même un peu de monde. J’ai un SAS -d’1h45, et quand j’arrive devant vers 8h30 après avoir passé d’interminables contrôles et trottiné jusqu’à ma zone pour faire semblant de m’échauffer, il y a énormément de monde, mais j’aperçois tout de suite mon pote Xavier à l’entrée du SAS. Oui, vous savez, celui avec qui j’avais partagé l’étape Oisans sur l’UT4M et qui pique-nique à tous les ravitos!
Il me demande si j’ai une stratégie, et c’est le cas: j’aimerais bien être quelque part entre les 1h32 et 1h35 alors j’ai regardé le simulateur d’allure la veille. Mais j’ai eu la flemme de tout mémoriser, donc en simplifié ça donne: les 3 premiers kilomètres autour des 4’35 », km 4 et 5 autour des 4’45 », km 6 et 7 autour des 5′ , et les 3km de montée en essayant de garder des forces pour la suite mais sans trop dépasser les 5’30 »/km . Pour la descente ça faisait trop de trucs à mémoriser, au carton et puis c’est tout. Xavier a l’air de trouver le plan d’attaque plutôt pas mal et il me dit qu’il va « essayer de me suivre » même si dans ma tête j’imagine plutôt que c’est moi qui vais essayer de m’accrocher à ses baskets. Notre duo avait pas trop mal fonctionné pendant plus de 5 heures dans les cailloux, on va voir ce que ça donne sur bitume!
On s’avance comme on peut mais il y a encore beaucoup de monde devant dans notre SAS, 8h28, on prépare les montres et j’essaie d’oublier que j’ai envie de faire pipi.
La montée
Le coup d’envoi est donné, et quelques secondes s’écoulent avant qu’on puisse passer sous l’arche à notre tour mais pas tant que ça: Élites, sas -1h20, -1h30 et -1h45, on nous fait tous partir à la suite et ça fait du monde, beaucoup de monde.
Le premier kilomètre est passé à slalomer et c’est assez désagréable, pas mal de secondes de perdues et pas d’énergie économisée pour autant mais c’est le jeu, à ce moment là mes courses au saucisson avec 437 participants me manquent un peu.
Km2 et 3: On continue de slalomer mais c’est déjà moins compliqué, et l’avantage c’est qu’on en oublierai presque qu’on est déjà sur un faux plat montant. Je jette régulièrement un œil sur le côté ou derrière pour vérifier que Xavier est toujours là, et fidèle au poste il me sourit, jusqu’ici tout va bien et on est dans l’allure prévue.
Km 4 et 5 : Le faux plat grimpe légèrement plus mais on peut maintenant bien avancer sans se gêner, et j’intensifie un peu l’effort pour maintenir la même allure, Xavier me fait remarquer que je vais un peu vite mais il suit alors je continue, pour l’instant ça va. Premier ravito j’attrape une petite bouteille d’eau, j’ai déjà soif et la vraie grimpette nous attend. Passage du km5, je coche la case “1/4 du parcours de fait” dans ma tête.
Km6 et 7 : On passe le rond point de Luminy et le gentil faux plat devient encore un peu plus raide, je maintiens l’effort mais l’allure baisse un peu, on profite d’un dernier petit replat avant d’arriver au virage qui annonce le début de la vraie montée de la Gineste. Je tourne la tête vers la droite et je vois en face les coureurs dans le brouillard qui viennent d’entamer la montée, c’est bientôt notre tour.
Km7 à 10: On prend le fameux virage et j’annonce à Xavier “Bon ben c’est là que ça commence vraiment” (même s’il le sait aussi bien que moi). Il faut s’occuper alors j’utilise la méthode habituelle, qui consiste à faire plein de petits calculs sur la distance déjà parcourue et à parcourir, par contre côté allure je décide de ne pas regarder le chrono moyen avant le sommet, pour l’instant je reste concentrée sur l’allure du kilomètre en cours même si c’est anecdotique, j’essaie juste de grimper à un bon rythme sans me griller. Xavier est juste derrière et me dit qu’il galère à suivre mais il s’accroche et je sais d’avance que ça va passer, lui servir de lièvre me motive à ne pas lâcher l’affaire.
Côté vue c’est le brouillard total mais ça donne un charme inhabituel à la Gineste. Les kilomètres défilent et on arrive déjà au dernier virage du col, je commence à avoir du mal alors que le plus dur est fait mais Xavier prend le relai pour me booster et on passe enfin le panneau de la délivrance. Je galère à attraper une bouteille au ravito mais je finis par obtenir le Graal et juste après on passe le km10 en 49’53’’. On est plutôt très bien côté chrono, enfin je crois, en fait j’avais juste regardé quelle allure tenir sur la montée mais pas le temps de passage estimé au col.

Passage au col / Crédit photo : Floriane la fusée 😍
La descente
Km11 à 15: Après le col miracle, plus de brouillard et il ferait presque beau (presque), on va pouvoir profiter de la vue en redescendant sur Cassis. Le début de la descente me rappelle celui d’il y a deux ans (ma seule autre participation, malade) et ça ne me fait pas trop rire: j’ai du mal à encaisser le changement d’allure soudain et j’enchaîne point de côté et douleur au bas ventre, je dis à Xavier que je galère et il veut m’attendre mais je préfère qu’il parte devant et me débrouiller seule en essayant de suivre.
J’hyperventile à grand coups de bruits étranges pour évacuer le point de côté, j’ai l’air d’une folle mais ça marche et j’arrive à tenir une allure correcte alors je prends ! Il faut passer le temps alors je recommence à jouer au petit jeu des calculs et c’est plutôt reboostant, après tout le plus dur est derrière et je ne vais pas me laisser faire par une descente en bitume! Je vois Xavier une 50aine de mètres devant, ça me permet de m’accrocher, et j’échange quelques mots avec plusieurs coureurs, notamment Francis, un autre pote parti du sas 2h qui me double tranquillement en me demandant comment je vais avec le même ton que si on venait de se croiser chez le boulanger.
Km16 à 18: Après avoir enchaîné entre descentes et petites relances on attaque la vraie grosse descente sur Cassis, celle qui fait à la fois plaisir et peut aussi faire très mal si on arrive affaibli, mais je retrouve la forme et j’ai l’impression de voler. Je profite de la vue et des encouragements du public, j’oublie les difficultés d’avant tel un poisson rouge et je rattrape Xavier avec un kilomètre en 3’40 ». On termine ensemble la descente, et mon euphorie se calme bien une fois au rond point de Cassis, je ne connais pas bien cette nouvelle fin de parcours mais on m’a fait comprendre que ça allait piquer sévère.
Km18 à 20: Où sont mes jambes ? La descente se transforme en plat et je n’ai soudain plus d’énergie, je dis à Xavier de me laisser une nouvelle fois et je m’accroche en me disant qu’il ne reste pas grand chose. Le km19 est terrible, on nous fait grimper de nouveau et même si c’est juste un faux plat j’ai l’impression qu’on me sert une Gineste bis en guise de dessert. Je ne suis pas la seule, c’est un peu l’hécatombe sur le parcours et beaucoup de coureurs sûrement partis sur de très bonnes bases marchent, j’entre d’ailleurs en collision avec un jeune homme qui a décidé de se mettre à marcher juste devant moi sans mettre son cligno. C’est dur mais pas question de lâcher maintenant, plus qu’un gros kilomètre avant l’arrivée alors je me rebooste autant que je peux, et le parcours finit miraculeusement par redescendre. Je ne lâche plus rien et je ré-accélère, on aperçoit enfin l’arche et les panneaux qui annoncent les dernières centaines de mètres défilent.
Je passe la ligne d’arrivée en 1h32’41’’ , 10 secondes après Xavier que j’accuse de non-galanterie juste pour l’embêter alors que c’est moi qui lui ai dit de me laisser, et on part retrouver les copains: qu’ils aient fini devant ou derrière la plupart ont assuré et envoyé du très très lourd côté RP même si on s’accorde tous à dire que la fin était horrible. Cette nouvelle zone d’arrivée est un peu triste alors fidèles à la tradition on descend jusqu’au Port et sa petite plage, la récup les pieds dans l’eau est méritée!
Bref, une édition grise mais heureuse pour ce Marseille-Cassis 2018, et même si les dossards sur bitumes vont se faire de plus en plus rares, je pense que je serais encore au rendez-vous plus d’une fois!
Bravo pour ta course ! De mon côté c’était mon premier Marseille Cassis (Marseille est pourtant ma ville natale, mais je n’y habite plus depuis bien longtemps) et je n’ai pas été déçue. Le soleil après le col de la Gineste, c’était magique ! Quant au 19e kilomètre, je suis d’accord avec toi, il était plus dur que les km 8 et 9 dans la Gineste ! Je visais 1 h 36 et au final, je fais un temps de 1 h 34’57 », donc je suis bien contente.
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Un véritable plaisir de te lire et un grand bravo à toi tu peux être fière de toi
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Bonjour. A partir de quel sas faut-il un justificatif? En quoi consiste-il? Merci d’avance.
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À partir de -1h45 , il faut pouvoir justifier d’avoir déjà fait un chrono inférieur sur un semi Marathon ou sur une précédente édition de Marseille Cassis !
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(Soit un “diplôme”, soit s’il n’y en a pas tu demandes à l’organisation de la course en question de t’envoyer une attestation écrite de ton chrono)
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Merci pour les infos. Mais 18 000 participants ça fait un peu peur quand même :-p
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C’est clair ça fait beaucoup ! Pas fan du départ et de l’arrivée pour ça mais ça reste à faire 🙂
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Un beau CR, j’adore encore plus ceux des trails 😉 je n’ai pas le niveau pour cette course mythique mais tu me fais rêver alors merci et bravo!!!!!
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