Ce weekend, j’ai profité d’un weekend chez ma sœur pour m’inscrire au Trail de l’Aigle, 17,5km et 900m de D+, à Ribiers, un petit village des Alpes de Haute Provence. Habituée aux courses sur route, j’avais déjà participé à un Trail de 8km, et à quelques « courses nature » avec un peu de dénivelé, mais c’est la première fois que je me lançais sur un parcours avec un aussi gros D+ et des passages un peu techniques.
Chers « vrais » traileurs, soyez donc un peu indulgents, ceci est le récit d’une novice qui n’a toujours pas trouvé Camelbak à son épaule.
Parcours et profil
Aventurière mais pas trop non plus, j’ai préféré me renseigner sur le parcours de la course, et surtout sur le dénivelé. Je l’ai fait après m’être inscrite, et tant mieux, car si je l’avais fait avant je ne suis pas sure que j’aurais cliqué sur le bouton d’inscription (on a dit aventurière mais pas trop!)
Plusieurs côtes assez costaud avec plus de 100m de dénivelé, et la montée vers une crête au km10, je n’avais pas beaucoup plus de renseignements que ce tracé, et un message de l’organisateur de la course qui m’a confirmé que le passage de la crête était un peu technique, mais rien d’insurmontable. J’ai commencé à faire des petits calculs dans ma tête pour savoir comment aborder chaque partie de la course, mais soyons francs, une fois lancée, j’ai juste fait au feeling, et surtout, comme je pouvais.
La course
Le matin de la course, je récupère mon dossard et mon cadeau coureur: 2kg de pommes et 1 litre de jus de pomme artisanal du village. Nous ne sommes pas très nombreux mais l’ambiance est bonne et les bénévoles ont le sourire, le genre de courses que j’aime.
A 8h30, tout les coureurs du 17km se placent sur la ligne de départ. Je ne prend pas la peine de me faufiler devant, mais sur une soixantaine de coureurs, je me dis que ça ne devrait pas trop poser de problème. Quelques mots de l’organisateur et le départ est lancé.
Km1: Comme sur toutes les courses les gens s’élancent assez rapidement, même si dès les premiers mètres le parcours commence déjà à gentiment grimper. Je me faufile, mais on arrive très vite sur un petit chemin où seule une personne peut passer. Je dois donc suivre le rythme des personnes devant moi et ça va plus doucement que ce que je voudrais, mais je relativise, car je sais que la suite va être plus compliquée et qu’il vaut mieux s’économiser.
Km2 et 3: Le chemin s’élargit et je double quelques coureurs, mais finalement je n’accélère pas vraiment, car on continue de grimper, même si ce n’est rien comparé à ce qui nous attend.
Km4: J’arrive au premier ravitaillement d’eau, je prends un gobelet, et les bénévoles nous préviennent « à partir de là ça grimpe bien pendant un kilomètre. » Elles n’ont pas menti, ça grimpe. J’essaie de courir, mais très vite je vois tous les coureurs devant moi marcher. Je fais pareil, histoire d’économiser mes forces, et je me rends compte que je ne suis pas très douée pour marcher rapidement, alors j’alterne avec un peu de course. Je me retrouve au même rythme que deux autres coureurs, et on va d’ailleurs continuer de se suivre sur quelques kilomètres. En haut de la côte, un second ravitaillement d’eau nous attend, et on m’annonce que pour l’instant je suis première féminine (« heu… moi? »).
Km5 à 7: En regardant le profil de la course je m’attendais à 3km assez roulants, parfait pour avoir un peu de répit avant d’attaquer l’ascension vers la crête, mais non: on enchaîne des grosses montées et descentes plus ou moins longues, sous un soleil de plomb. Mes deux compères de course sont toujours là, ils me passent devant dans les montées, je reprends de l’avance dans les descentes, et je suis contente qu’ils soient là, car sur une course avec 60 personnes, à part les bénévoles, on ne voit pas grand monde.
Km8 à 10: On arrive de nouveau devant une énorme côte d’1km, et j’alterne marche et course. Arrivée en haut, on commence à changer de terrain: le parcours s’enfonce dans une espèce de petit sous-bois en monotrace, c’est joli et rafraîchissant car l’ombre s’est faite rare depuis le départ, mais difficile de courir car le chemin est très escarpé. Je ne sais pas trop comment, mais je me retrouve à discuter avec l’un des deux coureurs qui est à mon niveau depuis le 3eme kilomètre. C’est un expatrié hollandais qui court des semi-marathons en moins d’1h30, mais comme moi n’a jamais vraiment fait de Trail. Un partenaire de galère! On continue de courir ensemble, et dès que le chemin grimpe trop et qu’on doit marcher, on échange quelques mots.
Km11 : Soudain le terrain change totalement, et on se retrouve sur un chemin très rocailleux, l’ascension vers la crête débute. Impossible de courir, on est à mi chemin entre la randonnée et l’escalade. L’ascension est difficile et les cuisses sont mises à dure épreuve, mais dès qu’on se retourne vers la vallée, la vue est à couper le souffle. Je sors une de mes petites gourdes, et je réalise que je n’ai encore rien mangé depuis le début, et que je risque d’avoir besoin d’énergie pour relancer dans la descente, alors je prends ma compote et termine l’eau de la gourde. On grimpe doucement, je me met sur le rythme de mon compère hollandais mais de toute façon pas le choix, il n’y a de la place que pour une personne.
Ce kilomètre est à la fois interminable (17 minutes, quand même!) , difficile, et magique: c’est pour ça que je suis venue. Pour me challenger, découvrir une nouvelle façon de courir, en prendre plein la vue. Parfois, quand je suis en difficulté sur une course, je me demande ce que je fais là. Cette fois non, je galère avec le sourire et je suis ravie d’être là, je me motive en me disant qu’après ça il restera le plus simple et mon point fort, la descente.
Un petit groupe de trois coureurs nous rattrape, dont une femme. Je met quelques secondes à réaliser que je viens de perdre ma première place, mais je la vois s’éloigner en marchant vite, on voit qu’elle a de l’expérience en trail ou en randonnée. Je me dis que je la rattraperai peut-être dans la descente, ou pas, et pour une fois mon esprit de compétition n’est pas vraiment là, ça m’est un peu égal en fait.
Km12 et 13: on arrive en haut de la crête, mais la difficulté n’est pas terminée, le chemin reste assez technique et alterne grosses descentes et remontées. Le coureur hollandais s’arrête à un point de contrôle pour boire de l’eau, et nos chemins se séparent à ce moment là. Le parcours finit par redescendre, et c’est l’un de mes moments préférés: on passe dans un sous bois avec plusieurs centimètres de feuilles mortes étalés sur le sol, on se croirait en automne et le décor est superbe. Forcément, après l’énorme montée, la descente est abrupte aussi, et j’ai du mal à trouver les bons appuis, mais je me régale.
Km14 à 18: La fin de la course est plutôt facile, avec beaucoup de descentes; j’en profite pour accélérer et retrouver un bon rythme au dessus des 12km/h, mais la fatigue se fait sentir. Les deux derniers kilomètres me semblent longs, car je m’attendais à un parcours de 17,5km, et il fait en réalité 18,5km, les joies du Trail et d’un parcours qui n’était pas le même l’année précédente.
Je passe enfin la ligne d’arrivée après 18,5km et plus de 1000m de dénivelé positif (versus 17,5km/900mD+ annoncés) sous les encouragements du speaker et des bénévoles, 2eme féminine et 18eme au scratch.
Avant de conclure, je tiens à dire un grand bravo aux créateurs de ce joli Trail qui gagnerait à être connu, et dont l’organisation a été parfaite, avec des bénévoles tous plus gentils les uns que les autres! Merci aussi à Stéphane, qui court les chemins de la région depuis des années et m’a encouragée à m’inscrire.
Une réflexion sur “Compte Rendu: Le Trail de l’Aigle (D+1000)”