CR : Le Marathon du Mont Saint Michel 

Hier, je participais à la 20eme édition du Marathon du Mont Saint Michel. Un très beau Marathon,  que j’ai couru dans des conditions assez particulières, et sur lequel je n’ai pas décroché le record personnel espéré, mais auquel je suis très heureuse d’avoir participé, pour mon troisième essai sur cette distance. À peine 24h après voilà le CR, à chaud, parce que c’est comme ça que je préfère partager mes émotions. 


Pour ceux qui n’ont pas suivi la petite histoire, j’ai pris le départ du Marathon en étant très incertaine : après une mini prépa coup de tête de seulement 4 semaines, à 6 jours du Marathon je suis tombée sur les fesses et je me suis fait mal à un muscle/nerf/tendon/va savoir quoi proche du coccyx. Après un tour chez une osteo le mardi, la douleur a persisté mais a heureusement commencé à s’estomper le jeudi. Petite sortie test vendredi matin et verdict assez dur à encaisser: je n’avais pas mal, mais une gêne assez étrange qui se faisait sentir à chaque impact de mon pied droit sur le sol.

J’avais le choix: renoncer et me reposer quelques jours, ou partir à la conquête du Mont Saint Michel malgré tout, au risque de me blesser et/ou de ne pas pouvoir terminer la course. Quelqu’un de raisonnable aurait choisi la première option. Je vous laisse deviner laquelle j’ai prise…


Dimanche matin, me voilà donc à Cancale aux côtés de plusieurs milliers de coureurs, sous un temps chaud et orageux.

Après avoir attendu bien trop longtemps pour le pipi traditionnel d’avant Marathon (oui j’ai plein de traditions bizarres, et je me permet de parler de tradition après 3 marathons comme si c’était le 20eme), je file me glisser dans mon SAS. Je me retrouve tout à l’arrière  mais c’est le jeu, je ne cherche pas à batailler pour avancer, on verra bien au départ. Je retrouve Nicolas, le capitaine des Caen Runners et l’un des membres de la Team Floatride montée par Reebok: en septembre on va courir la première Ragnar Race UK ensemble, et nous avons tous les deux des Floatride aux pieds, je crois d’ailleurs que je suis la première française à courir un marathon avec ce nouveau modèle (ma vie est fofolle n’est ce pas ?).


Quelques encouragements, une musique traditionnelle bretonne, je prépare ma montre et le départ est déjà donné.

Km1 : Le verdict tombe dès les premières foulées : j’ai toujours cette « gêne » proche du coccyx, un petit pincement qui se fait sentir à chaque impact du pied droit, mais ça ne fait pas mal. Pas de panique, on va faire avec, si j’ai de la chance et que ça reste comme ça ce sera largement supportable, on avance et on verra bien. Côté course ça démarre doucement, peut-être parce que je suis en fin de SAS. Je passe le premier kilomètre à piétiner , à essayer de me faufiler un peu. Passage du kilomètre en 5’12 », mais pas de stress, j’ai largement le temps de compenser et puis je ne sais pas ce que va donner ma gêne, de toute façon aujourd’hui on n’est pas là pour le chrono (c’est tout du moins ce que j’ai en tête à ce moment là).

Km2 : ca y’est, j’arrive enfin à me faufiler un peu mieux. Il y a une côte, mais j’étais prévenue : c’est la seule de la course, et je préfère qu’elle soit là. Passage du km en 4’43 », dans le rythme pour le sub 3h20 que j’envisageais avant ma chute . 

Km 3 à 5 : J’essaie de me caler sur le bon rythme, mais le 3eme kilomètres est une succession de faux plats, puis ensuite après la côte forcément on redescend, et je vais trop vite. J’essaie de me réguler mais c’est compliqué.

Km 5 à 10 : Je vais encore un peu trop vite mais je suis presque sur la bonne allure. Tout se passe bien, les kilomètres défilent rapidement, je bois de l’eau au premier ravito et je suis soulagée de voir que ce sont bien des petites bouteilles qui sont distribuées et pas des gobelets. 

Km10 à 14: Au kilomètre 10 je prends ma première compote juste avant le ravitaillement d’eau. Elle ne passe pas très bien et me provoque un petit point de côté, que j’arrive à gérer en expirant bien. Je suis maintenant sur le bon rythme, et j’ai découpé la course dans ma tête en 6 fois 7km, déjà deux sont passés, on continue.

Km14 à 21: On passe dans des villages et les encouragements sont nombreux. Je me distrais en regardant le paysage , mais en évitant de trop regarder le Mont Saint Michel, qui se tient là au loin car on m’a prévenu que c’était dur moralement de le voir tout au long de la course. Je décide de ne pas prendre de ravito au 15e mais juste de l’eau, car j’ai encore mal au ventre depuis la première pompote, qui est pourtant mon ravitaillement habituel. J’ai du mal à rester régulière, mais je vois un coureur devant moi qui me fait un peu penser à Romaric , il a l’air d’être sur le bon rythme alors je me dis que je vais essayer de le suivre . Le temps de regarder ailleurs et soudain il a disparu : il s’est arrêté pour faire pipi dans les champs, tant pis pour mon pacer d’un instant. 


Au 20e km je prends une deuxième compote, puis il y a une séparation avec les marathons duo, et Caro est là en mode pompomgirl, elle crie comme une folle pour m’encourager  pendant que son mari me tend gentiment une compote, en prenant soin d’enlever le bouchon… c’est adorable de sa part sauf que je viens juste d’en manger une, je passerai donc les 5 prochains kilomètres avec la compote qui dégouline à la main. 

Km21 à 27: je passe le semi en 1h39, soit mon 3e meilleur temps officiel , et à ce moment là je sais que je vais aller jusqu’au bout : la gêne est toujours très présente mais elle n’a pas empiré et ne m’empêche pas de tenir un bon rythme, alors même si je sens déjà que la suite va être difficile, plus question d’envisager l’arrêt. Soudain je vois Flo, un ami Caennais de Solène qui a couru le trail de l’Archange la veille, et ses encouragements me boostent le moral, mais pour les jambes, c’est le début de la fin : après le 23e km, je passe soudain au dessus des 5’/km, et à partir de là mon rythme va ralentir encore et encore jusqu’à la fin de course. Je ne l’explique pas: pas de douleur particulière, un rythme cardiaque très confortable, mais plus de « jus ». C’est peut être en partie la chaleur, car depuis quelques kilomètres les températures ont augmenté de plusieurs degrés et l’atmosphère est lourde, mais je pense que je paie surtout mon départ rapide. 

Km28 à 35: Chaque kilomètre est plus lent que le précédent, je n’arrive pas à revenir sur un rythme correct. Je me console en battant mon record de vitesse sur 30km, que je passe en 2h26. À ce moment là je réalise qu’il faut oublier le RP à l’arrivée , mais je me souviens de l’essentiel : hier je ne savais même pas si j’allais être capable de courir plus de 20km aujourd’hui, et ma seule préoccupation était de ne pas finir blessée. Alors tant pis pour le rythme, je décide de ne plus regarder la montre et de me laisser porter jusqu’à la fin, même si c’est lentement, mais de profiter à fond sans trop souffrir . Malgré ça c’est difficile et les kilomètres passent tout doucement, tandis que la chaleur se fait de plus en plus étouffante, surtout lors du passage dans les Polders.


Km35 à 40: Allez, encore un petit effort, il ne reste plus qu’une seule des étapes de 7km que j’ai fait dans ma tête, j’en ai déjà couru 5, on y est presque. J’essaie de me motiver, 7km c’est quoi, un aller retour de chez moi au Pharo, une promenade de santé. Enfin pas exactement, je galère, mais un par un les kilomètres passent, et l’arrivée s’approche. À aucun moment je ne marche, car j’ai peur de ne pas réussir à repartir.


Km40 à l’arrivée : la fin du parcours est très belle, on voit le Mont vraiment proche et on se dirige droit vers lui, avec énormément de monde pour encourager les coureurs. J’entends mon nom quelques fois, des « allez mademoiselle », et je lis des pancartes drôles qui parlent d’apéro à l’arrivée. Je réunis les dernières forces qu’il me reste pour accélérer sur l’ultime kilomètre, je passe le Finish avec un grand sourire en 3h37, je suis Marathonienne pour la troisième fois !

Mais quelques mètres plus loin, je fonds en larmes. La pression retombe, je l’ai fait, je suis heureuse, mais j’ ai déjà un goût amer dans la bouche, j’ai mis 8 minutes de plus qu’à Lyon il y a 8 mois alors que je sais que j’ai bien progressé depuis. 

Je pourrai me chercher de jolies excuses, ce serait facile de vous faire croire que j’ai ralenti à cause de la douleur suite à ma chute, mais j’ai envie d’assumer. Effectivement ça n’a pas aidé, mais j’ai eu beaucoup de chance car au final la course n’a pas aggravé mon cas et je pense que d’ici ma reprise dans quelques jours  ce sera déjà de l’histoire ancienne. Effectivement la météo n’était pas favorable non plus, il a fait très chaud et je crois que la température a été dure à gérer pour de nombreux coureurs . Effectivement le premier ravito est mal passé et m’a forcé à sauter le second, un détail qui a peut être joué.

Mais je préfère me dire que je ne dois ce petit échec qu’à moi: je suis partie trop vite, je me suis un peu surestimée, et je l’ai payé très cher, là ou j’aurais pu me contenter d’un « petit » RP a 3h25 qui serait passé sans soucis en étant plus régulière au départ. Mais sur chaque Marathon on apprend quelque chose, et hier j’ai pris une leçon d’humilité, dont je me souviendrai pour la prochaine fois.

Je ne finirai pas sur cette note amère, car après une bonne nuit de sommeil je réalise enfin : j’ai couru un troisième marathon, j’y ai pris du plaisir, et même si le chrono espéré n’était pas au rendez-vous je ressors sans blessure, et avec un temps au final objectivement loin d’être mauvais (je parle pour moi, ce chrono paraîtra médiocre à certains et très bon à d’autres, tout est une question de références). Mais surtout, je rentre à Marseille avec de jolis souvenirs dans la tête , en pensant déjà aux prochaines courses qui arrivent, et au 4eme Marathon qui attendra l’an prochain mais sur lequel j’arriverai prête pour la revanche.

Ps: désolée pour la présentation et les éventuelles fautes, j’écris cet article depuis le train mais je l’editerai dès demain 🙂 .


11 réflexions sur “CR : Le Marathon du Mont Saint Michel 

  1. sabrina dit :

    CR extra comme d’hab…on a l’impression d’y etre… moi je dois courir mon troisieme marathon en novembre…et pour l’instant mon menisque n’est pas ok…j’espere que ca prendra pas trop longtemps…bonne recup!

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  2. Celine dit :

    Bravo pour ta course.Je sais ce que c’est de courir dans la souffrance et de vouloir quand même finir,alors que pour les autres tu es prêts à dire « il n’y a pas de honte à s’arrêter,le principal c’est ta sante » alors que toi même tu ne t’écoutes pas.
    3 marathons pour moi et les 2er douleur au genou,au bout d’un moment il a bien fallu que j’aille voir un podologue.
    Pour mon 3, j’ai les semelles, un peu peur qu’elle ne  » fonctionne » pas mais si.Aucune douleur au genou mais j’ai souffleur de la chaleur,j’ai été déshydratée.Je me suis quand même accrocher parce que je ne voulais pas abandonner.
    On est un peu taré de s’incliner ça mais on est prêt à résigner pour une autre course
    Remets toi bien et encore bravo.Le Mont St Michel c’est quand même quelque chose 👏👌

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  3. Anne dit :

    Vous n’aviez pas de prépa pour faire le marathon et encore plus pour faire un chrono. Un marathon n’est pas une course ordinaire. Il faut de la caisse. Cela ne sert à rien non plus d’enchaîner chaque jour les footing sans objectif ou plan. Vous allez tôt ou tard vous blesser. Bravo pour la course finie et bonne (longue) récup’

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    • lilyrunning dit :

      Merci pour ce commentaire empreint de jugements sans me connaître , comme je les aime 🙂 . J’ai effectivement fait une prépa très courte , mais la « caisse » je pense (peut être pretencieusement?) l’avoir, je cours très régulièrement, avec souvent des sorties longues, et je suis des plans d’entraînement pour mes objectifs (cette année j’ai suivi un plan semi en moins d’1h35, et un plan 10k en moins de 43′ et les deux objectifs ont été atteints), alternant endurance et travail de vitesse, donc pas de sorties « au hasard ». Je pense surtout avoir payé un rythme de départ trop ambitieux avec des conditions météo assez difficiles (de nombreuses personnes ont craqué au même moment que moi, avec la chaleur. Ceci dit je ne me cherche pas d’excuse et je suis responsable de mon chrono , mais on peut parler d’un facteur un peu handicapant). On pourra aussi peut être dire que j’enchaîne trop les objectifs. Mais ce qu’on dit me fatigue un peu 🙂 .

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  4. Eloïse dit :

    Bravo à toi pour ton marathon ! Après le semi, lorsque l’on entre dans les polders c’est toujours compliqué et ça, chaque année. J’habite à Cherrueix, le village où se fait le semi et c’est ce qu’il en ressort chaque année lorsque l’on écoute les coureurs. Quoiqu’il en soit tu peux être fière de ton chrono, de ce que tu as accompli. J’espère être assez prête l’an prochain pour affronter à mon tour ce marathon, qui sera mon premier. Lire ton CR m’a donné des ailes et je me dis : pourquoi pas ?

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  5. Christine dit :

    Moi je dis bravo, tu l as finis et un marathon c est toujours une aventure 😉
    De plus j ai l impression que tu prends toujours du plaisir et ça c’est l’ essentiel🖒
    Des CR de courses toujours très agréables à lire 😊

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