Dimanche dernier, j’ai couru le Marathon Nice-Cannes en duo 2×21,1km.
Pas pour moi, pas pour faire un chrono, pas pour la beauté du parcours, je l’ai fait pour accompagner mes amies : Fanny sur son premier Marathon, et Solène sur son… 5eme marathon en un an (oui oui!).
J’avais d’abord pensé ne pas écrire de compte rendu: après tout je n’ai couru que 21km, après tout cette course c’était la leur, pas la mienne.
Et puis finalement si: cette course c’était la notre, une belle preuve d’amitié.
Pourquoi le Duo
Quand Fanny nous a dit qu’elle allait courir son premier marathon à Nice, je lui ai tout de suite dit que je viendrais la soutenir. Pendant un moment j’ai même hésité à choisir celui là comme Marathon d’automne, mais finalement j’ai préféré Lyon, et décidé de m’inscrire à Nice-Cannes en duo, pour l’accompagner sur la seconde moitié.
De son côté, quand Solène a réalisé qu’elle ne pourrait pas aller à Istanbul pour courir le Marathon qu’elle prévoyait à cette même date, elle a décidé de s’inscrire à Nice Cannes et promis à Fanny de l’accompagner, de A a Z. Un joli geste, une sorte d’évidence pour Solène.
De mon côté j’ai un peu honte mais non, je ne me sentais pas à la hauteur pour m’inscrire au Marathon entier seulement 5 semaines après celui de Lyon.
La galere du binôme
Je suis du genre à tout planifier à l’avance. Ou pas. C’est pour ça qu’à deux semaines du jour J je n’avais ni dossard, ni binôme pour effectuer la première moitié du parcours.
Un coup de chance, on me propose un dossard duo à moitié prix (95€ l’inscription tardive c’est pas donné!), je saute sur l’occasion pour me trouver vite un binôme, Nelly, une gentille demoiselle qui fait du triathlon et bouclera sa partie largement dans les temps pour que je puisse attendre les filles au km21.
Mais voilà, à 3 jours du Marathon elle m’écrit pour me dire qu’elle s’est blessée à vélo. Pas de panique, en quelques heures je trouve sur un groupe Facebook un Monsieur d’une cinquantaine d’années qui cherche aussi un duo. Très gentil, il est même prêt à accompagner Fanny sur la première partie mais je lui explique que ça ne sera pas nécessaire, Solène sera la.
L’avant course
Je vous passe les détails de l’avant course, mais c’est le même rituel que d’habitude: retrait des dossards, 100 ans pour décider de ce qu’on mange, on dit qu’on ne boira pas et on finit une bière à la main, petite montée de pression pour Fanny, on croise des copains runners, on marche 3 fois trop pour des gens qui ont une course le lendemain, bref …
Le matin de la course, après une nuit de rêve sur un matelas gonflable avec Solène (comprendre : j’ai dormi 3h), je me lève avec elles à 4h30 pour petit déjeuner. Ça fait tôt pour moi qui ne commence à courir que vers 9h45, mais j’ai faim, et puis j’ai envie de partager le petit déjeuner du condamné avec elles. Comme d’habitude on mange du muesli, comme d’habitude je prends un tout petit bol et me ressert trois fois, comme d’habitude on aborde le grand sujet glamour du matin: le Transit.
Elles partent, je me rendors une heure car je n’ai vraiment pas assez dormi, et puis à 8h je saute dans mes baskets pour prendre le train qui me conduira à Antibes, le km21.
Une fois sur place en marchant vers le point de relais je vois les premiers marathoniens passer, ils sont impressionnants. A 9h20 je me dis que je devrais bientôt croiser Bruno et ça ne loupe pas, il est là, tranquille, il trace sa route et ça a l’air tellement facile! (Il finira en 2h42’08 », mon idôle )
Pendant que j’attends mon binôme je vois aussi Stefano, un copain marseillais passer, il s’arrête et me dit qu’il en a marre en rigolant avant de continuer sa route.
Mon binôme arrive, me donne le dossard relais, et je me place un peu plus loin pour attendre les filles.
LA COURSE
Les gens doivent se demander ce que je fais à attendre mais je m’en fiche.
Et la j’entends Solène qui crie mon nom, c’est parti ! J’entonne un « tous à poil et on s’caresse », j’avais promis. Je leur demande comment ça va, elles me disent que la première moitié n’était pas très belle mais elles sont bien, et largement en avance sur le meneur 3h45.
Fanny est partie vite, peut-être une erreur, mais on fait un peu tous ça sur notre premier marathon je crois.
Je vois aussi Nawel, elle a l’air bien, je l’encourage, elles sont belles toutes les trois.
Le premier ravito arrive, je joue les mamans poule et part devant leur chercher eau, bananes et oranges.
Tout se passe bien, les kilomètres défilent, les supporters sont nombreux, ils encouragent tous Solène mais personne n’arrive à lire le nom sur le dossard de Fanny, en même temps quelle idée de faire inscrire « FANNYMATHILDEMANON » 😀 .
De mon côté forcément je suis en pleine forme, je raconte nimporte quoi pour faire passer le temps, on fait rire les autres marathoniens, l’ambiance est bonne.
Km27: le kilomètre de l’angoisse pour Solène, alors je trouve une histoire à raconter et ça passe tout seul.
Km28: Fanny commence à grimacer sans rien dire, et elle finit par nous avouer qu’elle commence à avoir très mal au genou. Elle tient le coup, elle s’accroche, les descentes sont difficiles mais elle réussit à garder le rythme.
Km30: on le dépasse, ce fameux kilomètre du mur, Fanny a vraiment mal mais elle s’accroche. Nawel entre dans le dur aussi alors avec Solène on essaie de les occuper, on parle des messieurs qui reluquent les fesses de Nawel (« ceux qui te doublent ils sont mariés »). Fanny ne veut plus rien aux ravitos, elle ne nous écoute plus vraiment, elle se concentre pour avancer.
Km33: la douleur est trop forte, Fanny commence à marcher. Nawel s’accroche, on l’encourage et on la laisse partir devant (elle finira en 3h50, super contente pour elle!). On alterne marche et course, on essaie de la rassurer car elle ne voit plus que le négatif: elle n’atteindra pas son objectif de chrono. Moi je vois le positif: elle est en train de devenir marathonienne, et elle s’accroche malgré la douleur!
Je lui dit, je lui répète, mais la déception et la douleur sont plus fortes que le reste. Malgré tout elle continue d’avancer, on marche, on trottine, on court, on remarche, mais on avance vers la ligne d’arrivée.
Je passerai les détails de ces derniers kilomètres, mais même s’ils sont durs ils sont beaux, les spectateurs nous encouragent, les coureurs aussi, ils sont dans la même galère que nous et pourtant ils nous poussent.
A partir du km40 on prend la main de Fanny, elle ira au bout quoi qu’il arrive. On sera fières d’elle quoi qu’il arrive.
On voit sa maman, on lit l’inquiétude dans ses yeux, elle tombe dans ses bras quelques secondes et on repart, la ligne d’arrivée nous attend.
Elle trouve la force de recourir sur les 200 derniers mètres, et toujours main dans la main on passe la ligne d’arrivée.
Je suis à la fois tellement fière d’elle, et tellement triste de la voir si déçue, de lire la douleur dans son regard.
Mais elle l’a fait. FINISHER.
Je ne sais pas trop comment conclure ce compte rendu, à part en vous disant que ces filles sont une source de bonheur au quotidien, et que j’espère les avoir longtemps à mes côtés, pour courir comme pour partir dans de vieux délires incompréhensibles ou partager des pintes de bière.
En vous disant que la course à pied me montre chaque jour qu’au delà des chronos elle a bien plus à offrir: le partage, la solidarité, le dépassement de soi.
En vous disant que j’aime courir, que j’aime ces deux filles, et que tout ça n’est pas prêt de s’arrêter.
Oui, ça dégouline d’amour, et j’assume. La prochaine fois je vous parlerai de chaussettes sales, histoire de compenser.
très belle histoire de solidarité!
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Émouvant ce trio. quand on rentre dans le dur et que les copines sont là c’est top. mais j’adore les articles sur les chaussettes sales aussi !
j’ai retenu aussi Solenne et son 5ème marathon de l’année j’en reviens pas
Bravo a toutes
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J’adore les comptes-rendus de course pour la douleur et la fierté de terminer une course, mais celui-ci est particulier et tellement beau ! #guimauve !! C’est super d’accompagner les copines dans leur challenge !
PS : qu’est ce qu’il est canon ton tattoo :O
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